jeudi 5 février 2009

Réflexions sur l'art et la consommation d'énergie

L'histoire de l'humanité est une longue succession d'échecs, parsemée bien sûr de quelques rares pierres précieuses. Depuis que l'Homme a reçu la capacité de calculer et de se projeter dans le futur, les tribus, les peuples, les empires, épuisant systématiquement les ressources sur lesquelles ils avaient fondé leur croissance, ont été forcé de conquérir de nouveaux territoires, perpétuant l'égoïsme, la bestialité, le cynisme, la compétition. L'expansionnisme qui a accompagné le développement de la civilisation était rendu possible par l'existence de nouvelles frontières, de terres vierges à mettre en coupe (voir Jared Diamond, Joseph Tainter ainsi que Le 8ème Jour de la Création de Jacques Neyrinck). Depuis quelques décennies, le monde développé (et lui-seul) vit une sorte de trêve, sur le plan militaire. La lutte se poursuit, féroce, sur le front de l'économie. La destruction s'est accélérée: nous dévorons notre capital plus rapidement d'année en année. Cela s'appelle "croissance du PIB".

Assis à mon piano, je n'arrive pas à me concentrer sur ma nouvelle pièce. Je réfléchis: l'humanité a-t-elle produit des créations qui ne se sont pas retournées contre elle-même ................ ? La musique serait-elle une de ces créations ? Pas n'importe quelle musique bien entendu. Il est des musiques qui élèvent l'âme, qui vous relient à Ce qui dépasse la nature humaine. D'autres musiques nous ramènent à notre animalité, d'autres encore voudrait faire croire que le monde, et soi-même, sont des machines ...

Apprendre une oeuvre qui vous transcende consomme si peu d'énergie; l'effort - souvent rude - est intérieur. Le compositeur qui nous a légué ce morceau d'éternité n'a pas non plus nourri l'épuisement effréné des ressources. Sa recherche a, elle aussi, été intérieure. La pratique d'un art demande de la persévérance, des sacrifices et du temps, beaucoup de temps. Du temps qui n'est plus disponible pour faire du shopping, pour dévorer des kilomètres d'autoroute, pour sillonner la planète en tirant sa valise derrière soi ...

Nous allons très bientôt devoir apprendre à réduire notre consommation, à simplifier, à nous priver. Si ce n'est pas cette crise qui installera le processus de frugalité, ce sera la suivante, bien plus terrible, bien plus durable. Il est très difficile pour chacun de renoncer, de réduire un train de vie considéré comme allant de soi. Une manière habile de "faire passer" la chose consiste remplacer les matériaux dont on se défait par de nouveaux éléments. Où trouver ces matériaux nouveaux ? Dans l'art, dans la spiritualité, dans l'altruisme et la fraternité. Ces domaines, si on les développe, sont de nature à petit à petit diminuer notre appétit pour la consommation sans contrainte. Et il n'est peut-être pas déraisonnable de prendre un peu d'avance pour se préparer, pour se recentrer sur des objectifs qualitatifs, et pour préparer ses enfants, si vous en avez ! Dans les temps de privation qui s'annoncent, ceux qui se seront détachés du quantitatif seront moins affectés et auront moins de difficultés pour prendre des décisions qui leur permettront de rester des humains !

1 commentaire:

Jigé a dit…

Salut Archabciel helvétique et merci du partage. C’est tout à fait par hasard, au gré de mes explorations des blogs, que j’ai atterri ici (mais j'étais déjà venu il y a longtemps

C'est intéressant de te lire. (môa aussi aimer philosopher)

NOTE. Mon blog parle de la connaissance de soi. Si le coeur t'en dit, tu es bienvenu.