mercredi 29 avril 2009

Une petite histoire sympa...

Jacques habitait depuis 25 ans un petit 2 pièces et demie dans un triste immeuble d'un quartier populaire de la banlieue lausannoise. La maison datait de l'entre deux guerre. La façade, d'un brun sale, n'avait jamais été repeinte. Les volets étaient en piètre état eux-aussi.

L'appartement de Jacques, situé au rez inférieur, était sombre. Il donnait sur la cour intérieure de l'immeuble. Celle-ci était jonchée de détritus et abritait, dans un angle, les containers à ordure. Jacques n'avait jamais aimé le ménage. Les murs de son appartement étaient sombres eux aussi, tâchés par les nombreuses années où Jacques était fumeur. Les rideaux, gris noirâtres, n'avaient jamais connu la machine à laver. Les parquets, de couleur incertaine- étaient crasseux. Généralement, la vaisselle attendait plusieurs jours dans l'évier que Jacques, par nécessité, en lave une partie. La salle de bain, malgré une petite fenêtre translucide, avait des allures de grotte, avec une ampoule nue, de trop faible puissance, au plafond. Des dizaines de flacons de shampoing, de mousse à raser, d'eau de toilette, encombraient le rebord intérieur de la fenêtre et la tablette au-dessus du lavabo. La baignoire semblait suspecte, arborant des dépôts de calcaire noirâtres sur le fond. Le mobilier de l'appartement était modeste, fatigué et encombré de piles de livres - Jacques lisait beaucoup - de journaux et revues. de chemises en plastique débordant de paperasse.

Quand Jacques rentrait chez lui, il pestait à chaque fois contre ce désordre, cette laideur, toutes ces choses qu'il aurait dû régler et qui restaient en suspens. Tout cela lui plombait le moral. Il avait l'impression d'être alourdi, entravé, et pour oublier, il repoussait les piles de paperasses sur la table de la cuisine et se plongeait dans le journal ou dans un bouquin. Il était loin le temps où, jeune étudiant, il rêvait d'une carrière de journaliste pour aider à changer ce monde injuste qu'il détestait.

Un jour, Jacques, chez un brocanteur, tomba sur un petit "J'ai Lu" intitulé "La Volonté". Il dévora les 120 pages du bouquin, lequel parlait des composantes de la volonté, des pathologies de celle-ci et des moyens pour la développer. Le style du livre était vieillot, celui-ci ayant été écrit dans les années 50, et le ton, moralisant, faisait sourire. Néanmoins, Jacques reçut ces mots comme un électrochoc. Il se rappela de ses dix-sept ans, quand il s'était inscrit dans un club de judo et qu'il s'était astreint à des abdos quotidiennement dans sa chambre pour rattraper son retard sur les autres. Jacques prit la décision de consacrer tous les jours une demi-heure, entre 8 H et 8 H et demie, avant d'aller boire son café, à trier, classer ou jeter les piles de papiers et de livres qui encombraient son appartement. Au bout d'une semaine, ce travail était devenu un rituel. Après, le café semblait avoir plus d'effet sur le moral de Jacques. 3 semaines plus tard, le séjour était libéré de son désordre. Après 1 mois, plus aucun empilement ne subsistait dans l'appartement de Jacques. En parallèle, celui-ci avait décidé de faire désormais sa lessive chaque semaine au jour imposé et de ranger son linge dès que celui-ci était sec. La salle de bain paraissait plus grande sans cette corbeille à linge où, comme auparavant, se mélangeait souvent les vêtements propres et les vêtements sales. Même pratique pour la vaisselle, qui était désormais nettoyée et rangée à mesure.

Jacques n'était pas dépensier et disposait de quelques sous sur un compte d'épargne. Un matin, il prit une grande décision: il demanda à son copain Georges, peintre en bâtiment, au chômage comme lui, de venir lui rafraîchir son appartement. 2 mots d'ordres: cela devait coûter le minimum et seul le blanc éclatant serait utilisé. Jacques supprima les rideaux crasseux - en racheter dépassait son budget - et s'attela au nettoyage des vitres, après que Georges eut repeint les encadrements. Il loua une machine à nettoyer les parquets et réussit, à l'aide d'un produit spécialisé, à éliminer quasiment toute la crasse incrustée dans la baignoire et le lavabo. Pendant 3 jours, Jacques ne lut pas, mais se consacrer à frotter, à polir, à gratter. Le soir, il était fourbu et avait mal au dos. Même le mobilier y passa, à l'éponge et au détergeant. L'appartement de Jacques, une fois les travaux terminés, était méconnaissable. L'odeur de peinture fraîche et d'encaustique donnait une impression de neuf. La lumière des ampoules, plus puissantes, se réfléchissait sur les murs d'un blanc étincelant. Sans les rideaux, sans le désordre, l'appartement avait un côté net et spartiate qui rassurait. Une ou deux plantes vertes viendraient à peu de frais adoucir cette rigueur. La voie était libre pour tous les projets. Jacques avait l'impression que l'intérieur de sa tête avait été lavé également. Ses idées étaient plus claires, plus structurées, plus incisives. Il prit même la décision de les poser par écrit. Qui sait, il pourrait peut-être partager son expérience avec ses collègues de l'atelier de réinsertion professionnelle qu'il fréquentait depuis 1 semaine ...

L'immeuble dans lequel Jacques habitait n'avait pas changé: toujours aussi triste et négligé. Les ordures dans la cour étaient toujours là, ainsi que les relents douteux dans les corridors. Mais quand Jacques entrait chez lui et fermait la porte, repeinte en blanc vif côté intérieur, il oubliait toute cette grisaille. Chez lui, désormais, c'était le printemps toute l'année !

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